Confréries religieuses à Meknès : Voyage chez les «issawa»Au lendemain de la

célébration du Mouloud, anniversaire de la naissance du Prophète au mausolée El Hadi Ben Issa, dit «Cheikh El Kamel», plusieurs représentants des tribus venus de toutes les régions se sont réunis, jeudi 21 avril aux environs du sanctuaire, pour donner le coup d'envoi ce jour-là aux «hdiyas» (offrandes), qui a vu la participation au défilé d'un grand nombre de confréries religieuses «tayfas».
Vers 10 h, des familles entières ont commencé à s'installer tout au long du trajet qui mène au quartier Sidi Baba. Là sur place, plusieurs confréries religieuses se sont donné rendez-vous et commencé des chants religieux pour se diriger après, vers sanctuaire du saint de la ville.
Ces tribus rappelons-le continuent de pratiquer un soufisme pas comme les autres empreinté davantage de folklore que du liturgie. «Vos portez un pantalon noir et vous risquez d'être agressé», dit une personne.
«Quittez ce lieu, vous avez un cartable noir, les issawa peuvent vous le déchirer», ajoute une femme. Pendant ce temps, une vieille et petite femme, sortie tout droit d'un groupe de «issawa» s'adresse méchamment à un jeune habillé en pantalon noir : «Partez d'ici». Ce dernier malgré son âge et sa taille n'a pas attendu une seconde pour s'échapper et aller grimper sur le mur.
Tout ce spectacle relèvent-il de la comédie ou a-t-il une explication scientifique ? «Souvent c'est de la comédie. Mais, il y a des personnes qui encouragées par la foule atteignent l'extase. Un état psychologique qui peut être expliqué scientifiquement», indique un touriste français rencontré sur place et qui dit s'intéresser aux confréries religieuses.
Au même moment à l'intérieur du mausolée, d'autres «issawa» et qui semblent vivre dans une autre époque jouent aux lions. Il s'agit d'un rituel où plusieurs hommes habillés en blanc entourés de femmes font des danses et parades de séduction à la manière des ces mammifères.
Par ailleurs, et non loin du mausolée, plusieurs tribus ont planté leurs tentes. Certains chantent et dansent, tandis que des guérisseurs vantent les vertus des crèmes contre le nerf de «bouzouloum» (sciatique). «Il parlent toujours de bouzouloum, mais je n'ai jamais su ce que c'était exactement. Pour savoir davantage, il faut aller voir les anciens», dit un chauffeur de taxi.
Enfin encore une fois, nous avons voulu savoir l'origine de cette fête.
«Elle remonte à l'époque des princes de Ceuta, Al Azafiyine, qui, pendant les Almohades (13e siècle) ont eu pour la première fois l'idée de fêter la naissance du Prophète. Il s'agissait plus de détourner les jeunes qui participaient avec les chrétiens d'Andalousie à la célébration de l'anniversaire du Christ, explique Abdelaziz Ben Abdeljalil, ex-délégué régional du ministère des Affaires culturelles à Meknès. Cette fête a connu son apogée avec les Myrinides et les Saâdiens qui l'ont officialisée pour s'étendre aux couches populaires».