Villes Impériales du Maroc
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Découvrir le Maroc des Villes impériales c’est passer de la côte atlantique aux montagnes
de l’ Atlas à travers des paysages sans cesse renouvelés et un patrimoine architectural,
culturel et artistique à chaque fois différent. Car chacune de ces cités mythiques a été
fondée par une grande dynastie arabe ou berbère qui, à un tournant de l’ Histoire, en a fait sa
capitale. Marquées du sceau de leur fondateur, ces anciennes cours impériales et leurs
richesses côtoient le Maroc d’aujourd’hui qui revendique haut et fort une alliance réussie
entre tradition et modernité.
"A grand roi, grande ville ", écrivait au XIVème siècle l'illustre historien maghrébin
Ibn Khaldoun. De toute évidence, les capitales impériales sont l'héritage des différentes
dynasties (Idrisside, Almoravide, Almohade, Mérinide, Saadienne, et Alaouite).
Ces souverains conquérants, dont le pouvoir s'étend sur un territoire immense et prospère,
tiennent à graver dans la pierre la puissance de leur règne. Lorsqu'une dynastie marocaine
choisit sa résidence à Fès, Marrakech, Rabat ou Meknès, la cité, devenue capitale
(âsima),
se pare de monuments (palais, mosquées, mausolées) qui témoignent du prestige du prince aux yeux
de ses contemporains et de l'histoire. Monde de grandeur, de raffinement et de luxe,
la ville royale est aussi un univers mythique qui inspire aux auteurs médiévaux des images de légende.
La présence de la cour dans une cité décide de l'aspect monumental de ses édifices,
du perfectionnement de son architecture et de son art et, finalement, de ses dimensions.
Accueillant désormais la vie officielle du roi, avec ses réceptions et son cérémonial,
ainsi que sa vie privée, elle se doit d'être l'expression la plus parfaite des réalisations
architecturales du temps.
Les quatre villes impériales du Maroc présentent toujours le même schéma: une structure
urbaine dense, resserrée entre des remparts flanqués de tours de guet et de défense.
Au milieu de l'enchevêtrement des ruelles, de grands axes relient les portes de l'enceinte,
et quelques voies médianes se dessinent à grand-peine, leur existence toujours menacée par
des maisons ou des murs en saillie.
En dépit de cet apparent désordre, la construction de ces cités obéit à des impératifs
issus d'une logique spécifique: extériorité de la casbah (la citadelle du prince), position
centrale de la grande mosquée, ségrégation religieuse et ethnique, différenciation des
quartiers à vocation économique et résidentiels, localisation des activités en fonction
de la pollution qu'elles engendrent.
L'organisation hiérarchique des voies donne au plan une forme particulière, depuis les grandes
voies principales quasi rectilignes, en passant par les ruelles qui donnent accès aux quartiers,
jusqu'aux petites impasses familiales privées qui isolent les maisons et les protègent des regards
étrangers. Les ruelles constituent une véritable toile d'araignée qui relie le dedans au dehors
et tous les lieux d'échange et de communication. La médina, la ville historique, est donc un
lieu ouvert à la circulation, dont les lieux privilégiés sont la ou les grandes mosquées,
les souks et la casbah. Mais, limitée par une enceinte munie de portes disposées en chicane,
elle est parfois fermée la nuit et, en filtrant les entrées, peut devenir un dispositif d'exclusion.
Diverses règles coutumières régissent la localisation des activités dans la cité. Aux impasses
et aux ruelles silencieuses et désertes s'opposent les rues encombrées d'une foule bruyante qui
envahit le souk pour acheter et vendre. La zone commerciale de la médina, fouillis de petites
boutiques, d'entrepôts et de souks semi-ruraux, s'ordonne suivant une hiérarchie qui va du centre
vers les remparts. Cet ordre obéit à plusieurs critères: un critère subjectif, qui tient compte
de la valeur des produits proposés selon leur qualité manufacturée et leur degré de transformation,
et un critère de commodité, celui-ci n'étant pas sans lien avec celui-là. Les activités polluantes
sont souvent installées à proximité des lieux appropriés - points d'eau -, loin du centre, tandis
que la fabrication et la vente des produits de luxe sont établies près de la mosquée. Toutefois,
il n'existe guère de modèle figé de cette disposition; nombreux sont les marchés ou les métiers
qui disparaissent, se déplacent ou se dispersent. Le lieu culminant de ce dispositif est la
qissariya.
Occupant traditionnellement une position centrale, elle est constituée d'un ensemble de constructions
ayant un plan assez régulier, comme à Fès, et traversée par des rues parallèles se coupant à angle
droit, dont toutes les issues sont munies de portes que l'on ferme la nuit. Les commerçants y
sont également regroupés par spécialités selon la nature des produits vendus.
L'activité économique - en dehors des établissements industriels comme les moulins, les tanneries,
les huileries, les ateliers de tissage, qui exigent des installations spéciales , connaît deux sortes
de structure. D'abord, la boutique (hânût), principal local des artisans et commerçants,
qui n'a guère changé depuis le Moyen Âge. C'est une petite pièce carrée ou rectangulaire
de dimensions variables dont la construction est généralement facile et d'un prix modique,
ce qui favorise la création de nouveaux souks par simple juxtaposition de boutiques. Ensuite,
le fondouk, ou caravansérail, est un bâtiment à fonctions multiples servant tantôt à loger
les caravanes et les voyageurs (commerçants ou pèlerins avec leurs bêtes de somme), tantôt
à entreposer les marchandises de gros destinées à la vente ou aux enchères. Généralement,
il se présente comme un grand bâtiment carré ou rectangulaire, de un ou deux étages, qui
s'organise autour d'une grande cour à ciel ouvert encadrée de portiques, dont le centre
est parfois occupé par une fontaine. Au rez-de-chaussée se trouvent les boutiques, à l'étage
les pièces réservées à l'hébergement.
Dans un pays chaud, plus que partout ailleurs, la distribution de l'eau est un élément essentiel
de la vie et de l'organisation de la ville. À Marrakech, métropole du Sud située aux portes
des vallées pré sahariennes, un réseau souterrain de canalisations a été installé pour
desservir les mosquées, les habitations et les fontaines. L'importance accordée à l'eau
dans la cité s'explique également par les recommandations du Coran qui prescrit d'offrir
de l'eau aux assoiffés. Ainsi, dès les Almohades, les agglomérations étaient équipées
de dizaines de points d'eau. Fès en possédait quatre-vingts. Les princes et les riches
marchands en construisaient en grand nombre. Dans toutes les villes impériales, les fontaines
publiques (seqqâya), luxueusement décorées, sont un élément esthétique de la rue ou du souk.
Leur aspect n*2 pas changé depuis des siècles. Elles sont généralement formées d'un bassin
barlong, de dimensions variables, appuyé à un mur, et décorées avec soin de zelliges polychromes.
Loin des souks, les ruelles tortueuses et quelquefois couvertes sont réservées aux habitants;
le visiteur rural ou étranger ne les parcourt que s'il y est amené par un lien de parenté ou
de clientèle. Dans un passé peu éloigné. les quartiers formaient des unités relativement
autarciques, clôturées parfois par des portes, comme la plupart des quartiers des médinas
de Fès ou de Marrakech. C'est pourquoi quelques-uns des équipements de base de la vie
quotidienne, four (ferrâne), hammam, école coranique (Msid), épicerie (baqqâl), y sont installés
; pas de commerce de luxe en revanche dans le quartier. Ce semi-cloisonnement n'empêche nullement
l'intégration des habitants au réseau plus large de la ville tout entière. Les achats importants.
la prière dans la Grande Mosquée sont autant d'expressions d'appartenance à ce réseau, et les pratiques
rituelles auxquelles la population s'adonne collectivement une fois l'an, le jour de l'anniversaire
du Prophète. sont un signe de cette ouverture. Lors des festivités, les organisations de quartiers,
les corporations et les confréries de toute la médina se retrouvent autour des saints patrons de
la ville et manifestent ainsi l'unité de la cité.
La Grande Mosquée garde la haute main sur toutes les activités de celle-ci: elle est le lieu du culte,
l'université, le tribunal, l'asile inviolable, l'espace de convivialité où doivent se remplir
sans obstacle les devoirs envers Dieu et envers les hommes. Symbole social et urbain d'une puissance
propre à impressionner les esprits, le minaret, qui transcende l'ensemble de la ville, résume
l'éthique citadine. L'appel à la prière que lance le muezzin cinq fois par jour et qui scande
le déroulement de la journée est un rappel de l'unité de la communauté musulmane.
Au-delà de ces parcours, le secteur résidentiel, quant à lui, semble exclure toute possibilité
de passage d'un lieu à un autre. Reliés par un réseau de ruelles, les pâtés de maisons, unités
compactes d'habitations de un ou deux étages, sont percés de petites impasses donnant accès à des
demeures enclavées. Élément essentiel de là ville, l'impasse n'est point le résultat
d'un développement anarchique, mais l'aboutissement normal de la ramification des rues
à partir du parcours principal. Il s'agit là d'espaces où se cachent d'autres réalités,
non perçues par le visiteur, mais qui couvrent, en fait, la plus grande partie de la surface
de la ville. Interdite aux étrangers, cette cité-là, enfermée dans son intimité sacrée, n'est
pas un lieu de promenade. Sa fonction est d'assurer la séparation entre l'espace public
et l'espace privé, et par là, entre le monde des hommes et la vie secrète et protégée des femmes.
La configuration de la maison obéit à des règles coutumières très strictes de discrétion visuelle,
lesquelles sont clairement formulées par le droit malikite (école juridique musulmane).
Le propriétaire ne peut construire ou exhausser son habitation sans tenir compte de
la morphologie de la ville. Il doit veiller notamment à ce que la hauteur de sa maison
ne lui permette pas de plonger son regard chez les voisins. La coutume autant que la
loi lui prescrivent de clôturer la terrasse et l'empêchent d'aménager des fenêtres et
des portes donnant vue sur la terrasse ou sur la cour de la famille voisine.
La demeure traditionnelle des villes impériales est organisée autour d'une cour
centrale à ciel ouvert bordée de pièces et de dépendances. Cette disposition intérieure
présente des variantes, en fonction du terrain disponible, de l'organisation des corps de
logis, du statut et des goûts des propriétaires; mais la structure est toujours la même.
Les murs qui entourent la cour sont souvent les seuls endroits où l'on voit apparaître
une ornementation plus ou moins raffinée. À mesure que la richesse grandit, le décor
multicolore des zelliges, du plâtre sculpté, de la mosaïque foisonne. La cour permet la
communication entre deux, trois ou quatre pièces qui l'entourent au rez-de-chaussée. Sur
les côtés où n'existe aucun corps de logis, les murs sont simplement aveugles ou encore
aménagés en fontaine murale ou en pavillon (bartâl). Les dimensions de la cour et sa
décoration sont des signes de distinction sociale. De la demeure bourgeoise - constituée d'un,
voire de plusieurs grands patios, dont un côté donne parfois sur un jardin - à la maison modeste,
organisée autour d'une pièce centrale dans laquelle est aménagé un simple puits de lumière
grillagé, il existe d'innombrables façons de concevoir et d'aménager cet espace intime.
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Les Villes
impériales du Maroc
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 Qui
n'aimerait pas déambuler au coeur de ces villes princières ? Pénétrer
les cours intérieures, visiter les mosquées, s'enfoncer dans le souk, découvrir
la casbah... Bois et stuc sculptés, motifs géométriques, portes ornées,
moucharabieh de bois tournés, ors et mosaïques... Jeu des blancs, des verts et
des ocres... Visiter Fès l'antique, authentique et raffinée, Meknès, le
"Versailles marocain", Marrakech, oasis colorée aux portes des
montagnes de l'Atlas, ou Rabat la blanche, si méditerranéenne ? Fondées
et enrichies par les six grandes dynasties qui ont régné sur le Maroc depuis
le VIIIe siècle, au confluent de l'Espagne mauresque et de l'Orient arabe,
ces villes denses, entourées de remparts, aux formes géométriques, regorgent
de trésors... Pour cette visite, les regards croisés de Mohamed Métalsi,
urbaniste et docteur en esthétique, et de deux photographes, Cécile Tréal et
Jean-Michel Ruiz, permettent de voir et de comprendre la structure, l'art et
l'histoire de ces villes... De superbes photos de portes ouvragées, de palais
(tels le magnifique palais Dâr al-Moqri à Fès, de la fin du XIXe siècle)
de fontaines, de mausolées... qui nous entraînent au coeur de la médina
(ville historique) voisinent avec l'évocation d'Idriss II, fondateur de Fès.
Les villes impériales du Maroc ouvre une fenêtre sur la culture et
l'histoire du Maroc et de l'islam. L'ouvrage propose en annexe des plans, une
chronologie et un glossaire des termes architecturaux employés.
Ces extraordinaires photographies nous montrent en détail et en gros plans
l'architecture saharienne du Maroc, depuis les Maures. Ces zelliges (briques émaillées)
aux couleurs du sable rouge marocain et du bleu méditerranéen donnent aux édifices
et aux monuments des reliefs uniques. Les vasques à l'entrée des mosquées
incitent à la purification avant d'y pénétrer. Un livre d'une grande qualité
visuelle que l'on regarde avec émotion et recueillement.
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