Ravi shankar : Une musique hors du temps et de l'espace

A 85 ans, Ravi Shankar reste
un grand musicien. C'est une légende vivante pour des millions
de mélomanes à travers le monde. Célèbre depuis Woodstock,
soit la période du réveil de la génération hippie dans les
milieux des années 60, Ravi Shankar a donné trois concerts
mémorables - le festival de bruit de Monterrey, concert pour
Bangla Desh et le festival de Woodstock. Depuis, il a
plusieurs disciples et bon nombre d'entre eux sont maintenant
des artistes et des compositeurs très intéressants. C'est ce
qui a fait dire à Georges Harisson, l'ex-Beatles que «Ravi
Shankar est le parrain de la musique du monde».
Plusieurs fois primé, dont notamment le Grammy Award,
Ravi Shankar a reçu en 2003 la récompense d'artiste distingué
de l'ISPA.
La récompense est donnée aux artistes
d'exécution qui ont apporté une contribution exceptionnelle à
l'art.
Accompagné par sa fille Anouchka Shankar, Ravi a
transporté le Festival des musiques sacrées du monde dans un
autre univers, cosmologique celui-là. Près de cinq mille
spectateurs ont ainsi eu droit à des sonorités qu'ils ne sont
pas prêts d'oublier. C'était samedi soir à Bab Maquina.
L'auditoire a été mis en condition par la danseuse indienne
Anurekha Gosh qui s'est produite en ouverture du spectacle.
Ses danses Kathakh ont été un prélude à ce qui allait suivre :
un voyage hors du temps et hors de l'espace. Ravi Shankar est
en effet depuis plus d'un demi-siècle le meilleur ambassadeur
de la musique indienne. Il est l'un des plus grands maîtres du
sitar, ce genre de luth qui symbolise l'univers musical et
spirituel de l'Inde.
La spiritualité est quelque chose
d'inné dans le ciel de Shankar. C'est certainement ce qui l'a
poussé à ne pas donner le programme de son concert. Il a tenu
à faire le choix des morceaux qu'il allait interpréter une
fois sur scène. Il aura de l'inspiration. C'est avec des
morceaux ragas du XVI siècle qu'il entama sa prestation devant
un public qui a vite été «citarporté» sur une autre galaxie.
Il faut dire que la musique classique du nord de l'Inde est
une musique savante qui s'est développée dans les cours des
Maharadjas et des Nawabs.
La musique classique indienne
est principalement basée sur la mélodie et le rythme et non
pas sur l'harmonie, la modulation et les autres fondations de
la musique classique occidentale. C'est ce qui fait toute sa
beauté et son exotisme. Le système de la musique indienne
connu sous le nom de Raga Sangeet remonte à plus de deux mille
ans.
Elle tire son origine des hymnes de Vedic des temples
hindous, la source fondamentale de toute la musique indienne.
Le premier morceau interprété à Bab Makina venait de cette
tradition. Savant, profond, pénétrant et mystique, le jeu de
Ravi et d'Anouchka Shankar était plus que parfait.