Musique du Maroc : Gnaoua
Ce sont généralement les descendants
danciens esclaves issus de populations originaires
dAfrique Noire. Les Gnaoua qui se sont constitués
en confréries à travers le Maroc sont des maîtres
musiciens, des joueurs de crotales, des voyantes, des
médiums et des adeptes. Ils pratiquent un rite de
possession syncrétique, où se mêlent à la fois des
apports africains et arabo-berbères, pendant lequel des
adeptes sadonnent à la pratique des danses de
possession et à la transe. Ce rite de possession,
quils désignent par le terme de "
derdeba ",
se déroule la nuit. Il est animé par un maître
musicien accompagné de sa troupe, par une voyante
affiliée à la confrérie des gnaoua et ses assistantes.
Cette cérémonie nocturne comporte une partie profane
destinée au divertissement pendant laquelle il ny
a pas de transe et une partie sacrée durant laquelle
sont invoqués des saints et des entités surnaturelles (
mlouk).
Les instruments utilisés pendant ces cérémonies
rituelles sont un luth tambour à registre bas (
guembri)
et des crotales (
qraqech). Les tambours ne
sont utilisés, chez le Gnaoua citadins, que pendant le
cortège qui précède le rite de possession. Le terme
Gnaoua est un terme générique qui inclut les membres
animateurs de la confrérie comme les maîtres musiciens
(
maâlem), les joueurs de crotales (
qraqeb),
les voyantes-thérapeutes (tallaâte et chouwafate) et
les adeptes affiliés à la confrérie.
Les activités
des Gnaoua, qui sont à la fois musicales, rituelles,
initiatiques et thérapeutiques, unissent en un ensemble
spécifique et harmonieux les apports culturels de
l'Afrique Noire et de l'Islam.
Le rite de possession que célèbrent les Gnaoua est
au coeur de leurs activités multiples. Il est appelé
derdeba
et se déroule la nuit (
lila) d'où son
appellation
lila de
derdeba.
Il est conjointement animé par un maître musicien à la
tête de sa troupe et par une voyante qui en régit les
accessoires et les vêtements rituels nécessaires.
Durant la célébration, le maître musicien, à l'aide
d'un luth-tambour à trois cordes (
guenbri)
appelle, par l'entremise de devises chantées et en
brûlant des encens, les saints et les entités
surnaturelles (
mlouk) à se présenter afin
de prendre possession des adeptes. Ceux-ci, une fois
"habités" par ces mêmes entités, s'adonnent
alors à la transe.
Ce rite de possession, qui a sa propre originalité,
fait cependant partie d'un ensemble plus vaste avec
lequel il présente certaines analogies, comme le bori
des haussa (Niger), le diwan de Sidi Bilal (Algérie), le
stambali tunisien, le
zar
éthiopien et soudanais, ainsi que le
candomblé
brésilien et le vaudou
haïtien.
