Festival d'Agadir : Quand le Jazz épouse le rythme amazigh
Le festival d'Agadir Timitar initie
une nouvelle création musicaleLe public Gadiri et les
touristes nationaux et étrangers ont eu, dimanche soir au
théâtre de verdure d'Agadir, l'occasion de suivre un spectacle
inédit où fusionne le chant amazigh et la musique
arabo-espagnole.
Il s'agit d'une récente création de
jazz issue de deux résidences ayant lieu à agadir en février
2005 et à Vic (Catalogne) en avril 2005.
Intitulée An
Yalkam / Connexio Argan est une création musicale réalisée en
deux résidences à Vic (Catalogne) et à Agadir, qui ont permis
d'associer la musique instrumentale amazighe et le jazz
contemporain.
L'improvisation musicale étant une
caractéristique commune à tout langage, la rencontre et les
échanges entre les musiciens espagnols et marocains se sont
fait naturellement et a permis un travail extrêmement riche
sur la construction des harmonies et les combinaisons
instrumentales. Initié par le directeur Artistique du Festival
d'Agadir Timitar, Brahim El Mazned et par le directeur
Artistique du Festival Musica Viva de Vic de Barcelone, Manel
Montanés, le projet An Yalkam / Connexio Argan est né de la
volonté de contribuer au renforcement des relations
culturelles entre l'Espagne et le Maroc.
La collaboration
entre les deux festivals a eu un rôle promotionnel pour
Timitar et El Mercat de Musica Viva de Vic et pour les
musiciens ayant participé au projet et a mis en lumière leur
parcours professionnel et musical. Cette création Jazz réunit
les musiciens Driss El Maloumi, virtuose du Oud et invité
régulier de l'ensemble HESPERION XXI de Jordi Savall,
Lahoucine Baqir, percussionniste et Rachid Zeroual, joueur de
Ney et de Kawala et le batteur Xavier Maureta, le pianiste
Albert Bover, le saxophoniste Llibert Fortuny et le
contrebassiste Raimon Ferrer.
Sous la direction musicale
de Driss El Maloumi et Xavier Maureta ces sept musiciens
affirment dans la liberté que leur offre le Jazz une
générosité réciproque qui ouvre le champ infini de la musique
à la culture de l'autre. Soutenu par le ministère espagnol de
la Culture, ce projet est une fusion des cultures
méditerranéennes des deux pays, et est basé sur la rencontre
de musiciens et à la confrontation de leurs expériences.
L'aboutissement de ce projet est la réalisation d'un CD
reprenant les morceaux créés par les sept musiciens. Le projet
An Yalkam / Connexio Argan a également bénéficié du soutien de
la télévision Catalane (TV3) qui a réalisé un documentaire sur
une cette expérience et sur les valeurs culturelles qu'elle a
véhiculé. Après le festival Agadir Timitar, An Yalkam /
Connexio Argan se produira en Espagne au Festival de Vic le 15
septembre prochain avant d'entamer une tournée européenne.
Dans cette même enceinte, le groupe américain The Medicine
Show a offert aux nombreux spectateurs présents une panoplie
de musique Jazz.
Mené par le percussionniste et batteur
américain d'origine libanaise Jamey Haddad " The Medicine show
", Quintet de Jazz aux accents du monde réunit les musiciens
Steve Shehan (Percussions), Billy Drewes (Saxophone), Kip Reed
(Basse) et Tino Derado (Piano).
Leur musique allie tout en
finesse leur pratique de l'improvisation et les influences
liées à leurs parcours musicaux, ils peuvent convier les
musiques balinaises ou brésiliennes pour nous offrir une
réinterprétation contemporaine des sonorités planétaires. Du
côté marocain, le maestro Moha ou Hamou Zayani Achiban et son
ensemble étaient présents sur la place Al Amal où le public
gadiri leur a réservé un accueil exceptionnel digne de cet
homme âgé de plus de 70 ans, et toujours plein d'énergie.
Depuis 1950, Moha Oulhoussein porte le flambeau de l'Ahidous du Moyen Atlas marocain partout dans le monde.
Véritable ambassadeur de la tradition amazighe marocaine par
son talent et son charisme, Moha dirige une troupe de 21
personnes comme un Maestro digne de ce nom. Dans le répertoire
Ahidous, des hommes et des femmes dansent et chantent sur des
rythmes de tambourin et des battements de mains. Le " Izli "
poème en deux versets répétitifs, souvent improvisé, constitue
le cœur du chant Ahidous. Comme dans la plupart des formes
orales traditionnelles du Maroc, ce chant reflète la vie de
tous les jours, mais avec une tendance marquée vers la satire.
Par la suite, c'était au tour du Rays Outtaleb Lamzoudi de
faire vibrer les Imazighens. Rays Outtaleb Lamzoudi est l'un
des plus grands artistes de la musique et de la chanson
amazighe. Originaire du village de Imzoudn, il est un fervent
défenseur de la culture amazighe depuis les années 1990. Poète
et musicien, Il a collaboré avec Tachinouite, Rayssa Kelly et
bien d'autres artistes de renom. Après le décès du Rays
Albnsir, il reprend brillamment le flambeau et comble le vide
laissé dans la chanson des Rways.
Cet enfant du pays nous
enivrera de sa poésie en nous proposant des chants populaires
porteurs d'une richesse qui favorise la rencontre entre les
cultures. La place Al Amal a également apprécié la prestation
musicale offerte par le groupe italien Enzo Avitabile &
Bottari. Globe-trotter de la musique et ambassadeur de
l'extraordinaire scène napolitaine, Enzo Avitabile est en
quête perpétuelle, engagé dans une exploration musicale sans
limites qui le mène des Etats Unis à l'Afrique Noire, de
Naples jusqu'à la Palestine pour défricher de nouveaux
territoires sonores.
Avec son ensemble de percussions,
Enzo Avitabile perpétue la tradition rurale de la Campania,
région de Naples, où résonnent les rythmes primitifs des
tonneaux et cette pulsation obsédante et énergique qui monte
comme une transe. Les textes, interprétés à la manière d'un
blues méditerranéen, racontent en dialecte napolitain teinté
d'une certaine ironie les souffrances des peuples. Il nous
offre une forme d'expression spectaculaire et hypnotique dont
les racines sont millénaires.